" Le coeur des hommes " de Marc Esposito

Alex, Antoine, Jeff, Manu et les autres. Ou la bande de joyeux lurons en proie aux choses de la vie. Une recette toute simple aux ingrédients de taille. Le mensonge, l'adultère, le pardon; tout est dit sous l'angle le plus inattendu. La caméra n'avait, en effet, jamais exploité cet organe jusqu'à qu'un habile curieux n'y aille s'y pencher.

Une attention tendrement portée sur la sensibilité de nos gentils mâles et hop! Marc Esposito dissèque le coeur des hommes. Jetant aux oubliettes le cliché du rebelle invincible, il explore ici l'image vulnérable et fragile du sexe fort. La camaraderie pour traiter des problèmes individuels semblait être la bonne formule pour cette épopée excitante. Car dans cette pléiade masculine, on ne réprime rien. Les aléas s'affrontent ensemble et transportés par le soutien des "potes", ils prennent vite le grade de pure trivialité. Tout semble si simple, si léger. Les blessures, les secrets et les rancoeurs; tout s'examine sans fausse pudeur et donne au récit toute sa fraicheur. Une tonalité à la fois sucrée et pétillante lorsqu'il s'agit de personnages parfois calmes et excessifs, blessés ou accomplis, qui déclinent à merveille la palette des sentiments amoureux. La quarantaine, c'est en effet l'heure du bilan, des remises en question inévitables et d'un retour de jeunesse, où les nouveaux codes de séduction ont leur place. Ainsi, sous une fine couche de légèreté, le film soulève les états d'âme, les jugements moraux mais l'émotion coule avec une limpidité naturelle. Le regard glisse délicatement sur le passage de l'innocence à la maturité affective. Puisque leur bohneur passe par la paix du coeur, l'abord du sujet se veut intimiste et touchant. Cocasse et grave. Où les petits tracas du quotidien et les épreuves explosent définitivement la soi-disante érosion du couple.

Le réalisateur n'a pas fait défaut à sa véritable nature, car dans l'optimisme et la profondeur, il a su puiser une banalité aux égarements, qui respectent habilement nos penchants. Le Coeur des hommes, c'est une ode à l'amour, jamais obscène où l'identité nécessite la présence d'une femme pour se construire. Un adage audacieux et pimpant de vies entrecroisées, qui valorise l'air du temps avec légéreté. Comme un hommage, une renaissance, une découverte aussi. Car l'on sort rarement des salles le sourire aux lèvres, du baume au coeur, l'envie de vivre. On a touché le coeur d'une femme. D'une fan...

Dorothy Malherbe le 2002-08-20